Martine Aubry : les zones d’ombre d’un accident de la route
L’affaire, révélée par une enquête de Mediapart signée Antton Rouget, a fait l’effet d’une bombe . En février 2024, Jean-Louis Brochen, l’époux de la maire de Lille Martine Aubry, a provoqué un grave accident de la circulation.
L’ex bâtonnier a percuté de plein fouet un feu tricolore, entraînant la chute de la structure sur le véhicule d’une autre automobiliste.
Le bilan pour la victime est lourd : la jeune femme, sérieusement touchée à la tête et à la cornée, s’est vue prescrire « 30 jours d’ITT ». Mais au-delà du choc physique, c’est le déroulement de la procédure judiciaire qui suscite aujourd’hui une vive indignation.
Initialement, les autorités avaient ouvert une enquête pour « délit de fuite et blessures involontaires », le conducteur ayant quitté les lieux après l’impact.
Lors de son audition libre, Jean-Louis Brochen a admis avoir vu le feu s’écrouler, tout en affirmant n’avoir pas réalisé qu’il s’était abattu sur une voiture, précise Médiapart.
Le dossier a pris un curieux tournant en mai 2024, lorsque la procureure de Lille de l’époque a pris la décision d’un classement sans suite. Le motif invoqué par le parquet ? L’existence d’un prétendu « constat amiable entre les deux automobilistes », un document qui aurait théoriquement mis fin au litige entre les parties.
Pourtant, selon les investigations de Mediapart, ce document est un « constat amiable » totalement imaginaire. Si une telle transaction a bien été proposée à la victime dès le lendemain des faits, cette dernière l’a formellement déclinée. Un refus que le mari de l’élue a lui-même reconnu lors de ses échanges avec les enquêteurs.
Comment la magistrate a-t-elle pu valider une décision basée sur un élément factuellement faux ? Interrogée sur cette étrange gestion du dossier, Carole Etienne, la magistrate alors en charge, s’est refusée à tout commentaire.